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Laurent Ducastel Ecrivain
13 novembre 2017

INTERLOPE

       Elle avait été immédiatement séduite et excluait déjà par avance tout remord d’en être arrivée là.

       Le gamin n’était pas vraiment beau, mais il avait une gueule et un sourire à tomber par terre. Quel âge pouvait-il avoir ? La moitié du sien. Dix-huit ? Vingt ? Tout au plus vingt-cinq… Elle le détaillait scrupuleusement, avec envie, tandis qu’il faisait le service, remplissant généreusement deux verres d’un whisky de grande marque. Femme d’affaires, elle évoluait dans un monde où la distanciation était comme une  seconde nature. Mais là, assise dans le confortable fauteuil club de cette chambre cossue d’un luxueux hôtel parisien, elle sentait que cette froideur qui faisait sa réputation, et qu’elle avait cultivée avec force depuis la fin de ses études, cette froideur était sérieusement mise à mal. Indubitablement, il émanait de lui quelque chose de violement sexuel qui la troublait très profondément. C’était une grâce androgyne presque féminine, un je-ne-sais-quoi de Fellinien. Elle en était beaucoup plus confuse qu’elle n’aurait aimé l’être et, de fait, cette position de faiblesse la mettait dans un état délicieusement inconfortable, qu’elle se surprenait à désirer. Elle voulait qu’il la bouscule. Finalement, n'était-elle pas là pour cela ?

      Il parut le deviner d’un regard, comme s’il lisait en elle comme dans un livre ouvert. Aussi le laissa-t-elle faire quand il s’approcha. Et il ne fut pas long à prendre les rênes. Il l’enlaça longuement avec une vigueur qui, étrangement, lui parut n’avoir rien à voir avec la réalité de la situation. Puis lentement, sa main aux doigts agiles glissa sous le chemisier mauve, traçant son chemin jusqu’au bout du mamelon. Un frisson lui zébra le dos et elle ne put retenir un très léger cri. Le gamin savait ce qu’il faisait. Il était très prévenant et elle sentait que c’était chez lui une attitude naturelle. Maintenant, il prenait son temps, ne la brusquait pas, il l’a menait en douceur. Pour faire sauter ce qu’il restait de pression, il n’oubliait pas de la faire rire comme si elle eut été une fille de son âge. Elle ne put se retenir d’en être flattée et le désir furieux qui brûlait en elle redoubla encore d’intensité.

        Une seconde, furtive et culpabilisante, elle songea à son mari, à ses enfants dont l’ainé ne devait pas avoir loin de l’âge de ce jeune éphèbe. Cependant, il ne la laissa pas s’engluer dans cette voie, car déjà, avec une précision inouïe, il avait atteint l’entrecuisse, soulever la culotte de soie et caressait l’entrée du souterrain de velours. Presque instantanément, elle abandonna toute idée de résistance et lâcha prise avec une ferveur qui semblait aspirer toutes parcelles de vie jusqu’au plus profond d’elle-même. Visiblement, le gamin, en dépit de son âge, avait de l’expérience. Il était parfaitement à son affaire. Sa langue reptilienne la transportait dans une dimension que jamais en 26 ans de mariage son époux n’avait tutoyée. A cet instant précis, en partance pour le ciel en feu, elle pensa qu’elle était prête, là maintenant, à tout lui donner. Tout. A lui, ce parfait inconnu. C’était comme sentir la gangue qui asservissait son âme exploser littéralement sous ses vigoureux coups de butoir. Elle était décidé à s’éreinter, à se dégrader, plus bas que terre pour jouir au plus fort, au plus intensément. Le gamin calma le jeu. Il ralentit le tempo. Elle vit alors dans ses yeux, une lueur vraiment insolite. Et elle sut qu’il ne faisait pas semblant, qu’il se jetait lui aussi sans retenue dans cette étreinte avec une vigueur, une rage qui lui parurent mortifère. Elle aurait aimé savoir, mais ne posa pas de question. Son esprit n’en était plus capable. D’ailleurs, ce n’était ni le lieu, ni l’heure. La course folle reprenait de plus belle, brisant limites et tabous dans un même élan, dans une même ardeur. Dans le feu de l’action, alors que l’incendie ravageait les cieux, elle lui donna sans réfléchir et longuement, ce plaisir coupable qu’elle avait toujours obstinément refusé à son époux et donc la simple évocation la hérissait. Elle hurla si fort quand il vint en elle qu’il lui semblait que sa vie entière se déchirait dans ce râle de jouissance. 

 

    Ensuite, Elle s’effondra. D’un coup. Au réveil, elle lui parlerait. Peut-être même qu’ils remettraient ça. Ils restèrent enlacés sur le lit démonté un temps indéfini, avant qu’elle ne sombre, bouleversée, mais finalement heureuse dans les bras de Morphée.

    Le jour commençait à percer à travers les épais doubles rideaux rouge sombre. Il se leva et la regarda un moment cependant qu’elle dormait profondément. Il enfila son pantalon, remis sa chemise et colla sa cravate dans la poche de sa veste. Il sentit alors les billets tout frais sortis du distributeur. Une petite liasse. Le prix convenu. Il ne put réprimer un sourire de satisfaction. Dans sa poche, il saisit une petite boite en fer blanc. Dedans, déjà prête à l’usage, la pompe emplissait l’espace. La délivrance était proche. Il huma les billets. C’était l’odeur de la paix qu’ils apportaient. Avec eux, pendant quelques jours, à n’en pas douter, il tiendrait le manque à distance.

 

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Commentaires
L
Les femmes devraient rester lucides..... Quand on a un jeune entre.... Les mains.... On doit savoir à quoi s'attendre.....👄👄👄
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