HÔTEL DE NUIT
Elle s’était assoupie sur le côté. La lumière faiblarde de la chambre se reflétait mollement sur sa peau diaphane. Dans mon coin, immobile, je l’observais en silence. Je me délectais des courbes délicieuses de son corps, de ses petits seins roses, de ses cheveux blonds qui étaient comme des flammes qui lui couraient dans le dos. Le lit, comme la chambre, semblait avoir été dévasté par le désir insatiable qui brûlait nos artères. Maintenant, elle lâchait du lest dans les bras de Morphée et était simplement bouleversante dans sa nudité la plus absolue. Rarement une femme s’était approchée aussi près de moi, de ce que j’étais vraiment, de ce à quoi mon âme cabossée aspirait. Mais j’étais certain qu’elle ne s’en rendait pas compte. Elle se contentait de rire à gorge déployée aux conneries que je sortais en rafales avant de se donner sans retenue dans une étreinte qui repousserait la mort en moi pour longtemps. Il était deux heures du matin quand elle quitta la chambre. Elle sourit de toutes ses forces une ultime fois en montant dans sa voiture avant que la vie ne nous sépare pour toujours. Je crois qu’elle ne se douta jamais à quel point j’étais amoureux d’elle.